Association Agile France Adhérer

Discours lors de la conférence AgileFrance 2015 prononcé le 18/06/2015 par Frédéric Merizen au nom de l’association

Bonjour,

je suis Frederic. J’abandonne quelques instants mon chapeau d’organisateur de la conférence, pour vous parler au nom de l’association Agile France, qui est fière de soutenir cet événement, et d’autres, en France et ailleurs.

Ce sont des personnes d’horizons divers, de sensibilités variées, n’exerçant pas toutes exactement la même profession, qui il y a 14 ans ont signé le manifeste agile. Entre temps, l’agile est devenu mainstream comme ils disent. Il a gagné au passage un grand A, et parfois même un grand G, un grand I, un grand L et un grand euh. Rien d’extraordinaire sans doute à ce que l’on trouve sous ce chapiteau agile dilaté une grande diversité d’opinions ; l’idée qu’il ne suffit plus de faire de l’agile, mais qu’il faut être agile du bout des doigts de pieds à la racine des cheveux ; l’idée que tout problème complexe, que tout processus créatif, est réductible à la construction de voitures au Japon, ou de lecteurs musicaux en Suède ; l’idée qu’un vrai développeur agile se doit avant tout de fournir des estimations exactes, de faire son reporting quotidien, de livrer à la fin du sprint les stories sur lesquelles on l’a commité ; l’idée que la vraie agilité est avant tout business, qu’elle est un sujet bien trop sérieux pour être confié à de simples implémenteurs de stories. On aurait pu voir venir, peut-être, les décideurs ravis d’utiliser le champ sémantique de la liberté pour mieux contrôler chaque jour des processus à produire toujours moins cher des logiciels toujours aussi médiocres.

Rien d’étonnant à ce que peu de développeurs se passionnent pour ce programme-là. Nous nous alarmons néanmoins de voir que, dans une conversation qui se donne pour but d’organiser le métier de développeur, et qui prétend lui donner un sens, les premiers intéressés sont chaque jour un peu moins présents.

Il s’agit là d’une situation qui nous révolte.

La vocation de l’association Agile France est d’apporter un soutien financier, administratif, logistique, organisationnel, communicationnel, nutritionnel et psychologique à celles et ceux qui le demandent, dans leurs actions visant à promouvoir de près ou de loin les méthodes agiles de développement logiciel, sous toutes formes et pour tous publics, de préférence francophones.

Nous voulons en particulier soutenir les projets qui ont une logique de rentabilité discutable, un caractère polémique d’ordre à gêner l’équilibre établi, une volonté de questionnement loin des certitudes confortables, une ambition de toucher les individus qui forment cette communauté d’intérêt sur l’agilité - en un mot comme en mille, nous voulons défendre des projets qui n’ont pas vocation à être soutenus par des entreprises dont l’objectif principal reste de gagner de l’argent, encore et toujours plus.

Pour cela nous poursuivrons notre soutien à l’organisation d’événements sans sponsor. L’invasion publicitaire est le coût caché de la gratuité, et ce coût dépasse largement à nos yeux les bénéfices apportés aux participantes et participants de tels événements. Nous voulons attribuer des bourses pour permettre à des personnes qui n’ont pas les moyens financiers d’assister à ces événements préservés de l’influence publicitaire de pouvoir le faire malgré tout.

L’agilité peut être une ligne sur un CV ou un argument sur une réponse à appel d’offres. L’agilité peut aussi être un champ d’engagement et d’action pour explorer ce qu’écrire du logiciel veut dire. Là est la perspective qui nous énergise.