Contexte
Le bureau identifie une crise de sens : quel est le sens de l’action de l’association dans un contexte de plus en plus dématérialisé ? Qui a encore besoin d’une assurance et de trésorerie quand il suffit d’avoir un abonnement Zoom ? Combien de temps cette situation durera-t-elle, et quels moyens apporter pour reconstruire des échanges physiques ? Quel est l’objet de l’association si l’agilité est devenue tellement standard que les « communautés » qu’on pourrait soutenir sont l’intégralité de l’industrie ? Quel devrait être son nom si la conférence disparaît ?
Aucune de ces interrogations n’est tout à fait nouvelle, et ce n’est pas la première fois qu’un constat de ralentissement est tiré par un bureau.
Nous allons donc proposer une série d’ateliers pour évoquer collectivement ces points et aboutir à deux points de sortie : l’émergence de candidatures de bureaux porteurs de propositions dessinant un futur souhaitable pour l’association, fut-il l’attente d’un retour à un contexte règlementaire qui permettra un renouveau d’organisation d’événements physiques ; et / ou un mode de dissolution qui maximisera le compost créé par cette organisation, sur laquelle d’autres pourront émerger 🙂
Ce qu’on aimerait avoir à la fin :
- Un compte-rendu des échanges.
- Des pistes pour d’éventuelles candidatures pour un prochain bureau.
- Donner envie à des personnes de prendre le relais, sinon savoir ce qu’on fait pour clore l’association de manière « propre ».
Programme
Le 18/01/2022, en visioconférence, trois ateliers d’environ une heure chacun, en discussion libre, sur les thèmes suivants :
- Quels modes d’action pour soutenir les événements communautaires dans le monde Covid de 2022 ?
- Quel public viser quand l’agilité est le mode de production le plus revendiqué dans le développement logiciel ?
- Que pourrait-on faire de mieux qu’actuellement avec les ressources de l’association ?
Présent·e·s :
- Bénédicte Taillebois
- Christophe Robillard
- Emmanuel Gaillot
- Frédéric André
- Julie Quillé
- Julien Porot
- Matti Schneider
- Olivier Albiez
- Romeu Moura
Ateliers
Quels modes d’action pour soutenir les événements communautaires dans le monde Covid de 2022 ?
Ces deux dernières années, très peu de soutien et aucun soutien à des événements en physique. En ligne il y a très peu de frais, du coup questionnement sur l’utilité de l’association pour ces événements en ligne. Quoi faire dans ce contexte ? Combien de temps ça va durer ?
Récapitulatif
Des pistes pas forcément mutuellement exclusives :
- On attend que ça passe parce qu’on pense que ça va pas tarder : on conserve le mode de soutien actuel et on préserve les ressources en attendant des jours meilleurs.
- Soutenir des événements en ligne : aide méthodologique et de service plus que logistique et financière.
- Soutien à ce que des événements puissent avoir lieu en présentiel dans un contexte légal très incertain avec aide par rapport au contraintes juridiques : accompagnement juridique et de référencement
- Travailler avec un appel à projet : mise en avant des ressources disponibles en se disant que certains auront de meilleures idées que nous
Transcription des échanges
- Matti : on s’est demandé si on pourrait créer une offre pour les événements pour faire des événements en ligne tip top ? Comparatif solutions existantes etc. Ce n’est pas l’orientation du bureau actuel, qui n’est pas très intéressé par soutenir la croissance des événements en ligne, mais ça pourrait être un mode de soutien.
- Manu : questionnement autour des outils plus immersifs (gather etc.), peut-être avoir un lieu dans lequel on peut se retrouver régulièrement permettrait de faire des événements plus impromptus.
- Julien : sur les événements en ligne les contraintes sont assez faibles.
- Matti : rappelle le soutien de ParisTestconf qui a permis d’avancer l’argent de la salle. Année N+1, événement en ligne => pas besoin de soutien. Contrainte de passer par l’asso plus grande que de réussir à trouver les maigres financements nécessaires.
- Julie : on n’a pas de réseau de membres, ouvrir un espace en continu aurait assez peu de valeur. On pourrait développer ce réseau mais à ce stade il est trop faible pour avoir de la valeur.
- Olivier : pour créer une conf de qualité en ligne, il faudrait peut-être avoir du contenu de qualité produit en vidéo en amont. L’association pourrait financer de la production de contenu autour de l’agilité.
- Matti : retour d’expérience. Conf FWD50 qui a beaucoup d’argent. Mélange de beaucoup de choses (ils ont choisi les outils pendant un an, professionnels de l’image en temps réel etc.) et j’ai quand même trouvé l’événement aussi fatigant à suivre depuis un écran que ceux moins professionnels.
- Julien : peut-être idée est de mettre en sommeil l’association jusqu’à futur reprise d’événements en physique
- Manu : impression qu’on ne va pas passer encore 5 ans sans se voir. Le monde 2022 peut-être un moment de retrouvailles en physique. Et qu’est-ce que ça veut dire si on se retrouve en physique ? Rôle de l’association ?
- Olivier : ++, mais pas sûr si ça sera 2022, 2023 ou 2024… on ne peut pas prédire la durée, j’attends de voir, on y sera quand on y sera. En revanche, il serait possible d’équiper des lieux pour les rendre compatibles avec une protection Covid réelle.
- Frédéric : a participé à plusieurs événements en présentiel en 2021. Je ne vois pas pourquoi on n’organiserait pas d’évènement en présentiel (ou autre) en 2022.
- Matti : on pourrait faire une exploration des aspects juridiques sur le type d’événements etc. Comment réussir à faire un événement en présentiel dans un contexte de contraintes juridiques changeantes.
- Julien : en accord avec la raison d’être de l’association : « Comment rendre possible des événements qui n’auraient pas lieu sans l’association ? ».
- Olivier : un inventaire des lieux déjà équipés de ventilation, par exemple.
- Frédéric : motivé et voit des solutions pour soutenir des événements en physique en 2022. On aurait beaucoup de choses à faire pour prévoir un événement en présentiel ou sur des modalités « à tiroir ».
- Olivier : Peut-être faire appel à projet avec énoncé de l’intention : soutenir des événements dans le contexte actuel, et proposer des financements pour expérimenter.
- Julien : dans le même état d’esprit que référencer des endroits avec renouvellement d’air, possibilité de recenser des endroits où il est plus facile de changer de plans au dernier moment sans avoir trop d’impact, notamment financier.
- Matti : en ce moment impression qu’il y a beaucoup de ressources et que ce n’est pas l’endroit bloquant.
- Frédéric : questionnement également autour de comment travailler avec un réseau.
2. Quel public viser quand l’agilité est le mode de production le plus revendiqué dans le développement logiciel ?
Si on considère que l’agilité domine le monde et que tout le monde est agile à quoi ça sert de promouvoir l’agilité ? L’agilité est devenue un peu mainstream, avec régulièrement instrumentalisation de l’agilité : comment créer des espaces différents et pertinents ?
Récapitulatif
- Viser les petites structures / associations / autres secteur que le logiciel : celles et ceux qui pourraient bénéficier de l’agilité sans le savoir.
- Envies différentes selon les membres : se recentrer sur les développeurs-euses, ou aller à travers toute la société civile.
- Soutenir des événements différents avec des partis pris différents.
- Désir que le bureau annonce une couleur politique et prenne des positions :
- Éthique / valeur.
- Logiciel libre.
- Communs numériques.
Transcription des échanges
- Béné : on a par exemple créé l’humanathon, éducathon pour élargir les cibles de publics qui pourraient être concernés par l’agilité.
- Manu : en plus / orthogonal / opposé (rayer les mentions inutiles) : une certaine vision de l’agilité est promue : rapprocher des personnes qui ont du mal à se parler, à se comprendre (vision XP), est-ce qu’il y a moyen de revenir à ca. Défendre une idée de la communication, de la coopération etc. Question fondamentale : est-ce qu’une personne qui a une idée en tête peut la communiquer à un technicien et qu’au final on ait un résultat satisfaisant ? Discours qu’on peut défendre au delà du nom qu’on utilise.
- Olivier : toute les entreprises dans lesquelles j’interviens font de l’agile à grande échelle mais continuent à échouer à grande échelle. La transformation agile a avant tout été un renommage des intitulés de poste.
- Julien : revenir aux définitions de l’agilité. Il y en a qui sont accaparée par l’entreprise. Si c’est faire en sorte que les personnes arrivent à travailler ensemble et aient du sens… Les modalités de collaboration pourraient bénéficier à tous les publics, notamment associatifs, pas seulement pour le monde de l’entreprise.
- Matti : il faut viser un public qui a une visée productive. Peu de réceptivité dans les milieux dans lesquels il y a une volonté d’avoir peu de structure et essentiellement bénévole. Distinction public visé et public qui peut bénéficier.
- Frédéric : les TPE, les petites structures, les hôpitaux… pourraient bénéficier de prestations d’agilité. Ce n’est pas parce que le terme est galvaudé qu’il faut jeter l’éponge.
- Manu : on peut dire que l’organisation du travail n’a rien à voir avec le politique et pour autant de plus en plus convaincu qu’il y a des postulats de bases qui impliquent une vision sociale. En excluant le politique on favorise l’adoption mais aussi la récupération. Peut-être se poser des questions autour de la vision politique soutenue.
- Frédéric : est-ce qu’en tant que communauté de facilitateurs on ne devrait pas soutenir des produits plus « éthiques ».
- Matti : est-ce qu’il faudrait ajouter des valeurs en plus, de l’ordre social, environnemental et autre.
- Christophe : où est-ce qu’on a envie de mettre notre énergie, j’aime l’idée d’affirmer un certain nombre de nos valeurs.
Question autour de est-ce que le public visé restreint des élans de création de la part de membres ? Est-ce qu’une modification statutaire permettrait d’accueillir ces envies ?
- Frédéric : s’il y avait davantage de com sans doute plus de personnes qui aimeraient avoir du soutien.
- Manu : j’aimerais que le public visé reste les développeurs et développeuses. Peut-être quelque chose à faire pour retoucher ces population. À l’origine de l’association il y a « XP France » => il y a programming !
- Frédéric : on peut viser les écoles de dev, faire des projets avec eux…
- Matti : un truc qui me manque : on parle pas ou peu de logiciel libre et de communs numériques. Je vois beaucoup de lien entre agilité, gouvernance et communs. Dans le logiciel libre on retrouve pas mal de questions éthiques autour desquelles on tournait tout à l’heure. Je ferais bien plus de lien avec dans l’asso.
- Olivier : une de mes grosses motivations : expérimenter des modes de fonctionnement autres et plus auto-organisés. Expérimentation pour la société civile de demain. J’ai vu qu’on ne nous avait pas attendu pour ça (exemple Nuit Debout…). Voir dans la société autre que l’informatique ce qu’il y a de chouette. Peut-être qu’il existe des choses que nous ne connaissons pas.
3. Que pourrait-on faire de mieux qu’actuellement avec les ressources de l’association ?
Les principales ressources de l’asso :
- 123 313,88 €.
- Le nom Agile France.
- Les réseaux sociaux.
Si on ne faisait pas seulement soutenir des actions communautaire qu’est-ce qu’on / que d’autres pourraient faire ?
Récapitulatif
Pistes qui émergent :
- On garde le lien avec l’agilité mais on s’émancipe des règles d’allocation de l’association.
- On s’émancipe du sujet de l’agilité pour se focaliser sur les aspects politiques.
- On regarde d’abord les projets portés par les membres indépendamment du lien avec l’agilité.
- On porte des messages.
Transcription des échanges
- Matti : fonds de dotation sur des logiciels libres, des communs. Faire des micro dons.
- Olivier : l’association finance du contenu (textes, vidéos, logiciels etc.) pour continuer à décrire ce que pourrait être de l’agilité tel que nous la rêverions.
- Matti : soutien de travail de traduction de contenu anglophone avec choix communautaire.
- Matti : financer des participations à des événement pour des personnes qui n’y auraient pas eu accès : sorte de guichet solidaire.
- financer l’accès à des logiciels (Slack…) pour le fonctionnement interne de communautés.
- Manu : tiers lieux : acheter un lieu, créer un lieu de rencontre, bar associatif, ou louer des lieux éphémères.
- Matti : financer des résidences : travail moyen ou long terme : X mois, X livrables. La / les personnes en résidence ne gagnent pas d’argent mais sont nourries, logées, blanchies pendant X temps.
- Olivier : financer des gens qui pourraient créer des vidéos/des séries/des scénarii/des livres/des bédés qui mettraient en scène des gens / des équipes qui fonctionnent différemment pourrait permettre d’ensemencer l’imaginaire collectif.
- financer du lobbying.
- on peut faire développer un logiciel.
- donner tout l’argent à d’autres associations, sur leur impact politique plutôt sur leur lien avec l’agilité.
- acheter un droit d’usage pour un lieu (ex: Mallaret).
- un espace mobile de pratique de l’agilité (bus, roulotte…).
- parmi les différents destinataires, envisager le reste de la francophonie <3
- parrainer / soutenir des initiatives
- critiquer des méthodologies / pratiques : se prononcer publiquement contre SAFE.
- payer un audit civil sur les dépenses et les méthodes dans la construction de logiciels dans le secteur public.